Le don de vêtements face à la revente et à la fast fashion
À l’occasion de la journée mondiale des vêtements d’occasion, célébré chaque 25 août, il est essentiel de réfléchir à l’évolution de notre rapport aux vêtements. Entre la montée en puissance de la fast fashion et l’explosion des applications de revente, le don de vêtements aux associations traverse une période de profonde mutation.
En effet, ces tendances transforment nos habitudes de consommation et posent des défis importants pour les organisations qui font appel aux dons d’habits et de chaussures. On remarque de plus en plus que les articles issus de la fast fashion sont donnés aux associations et aux fondations tandis que les vêtements de meilleure qualité sont revendus sur des applications de seconde main.
Alors découvrez les enjeux du don de vêtements face à ces nouvelles dynamiques et quelles solutions peuvent être mises en place pour une mode plus responsable.
Le don de vêtements face à l'industrie de la fast fashion
Qu'est-ce que la fast fashion ?
La fast fashion, ou mode express, désigne une production de vêtements à bas coût, rapide et massive, destinée à coller aux dernières tendances. Des marques comme Zara, H&M ou Shein lancent fréquemment de nouvelles collections, encourageant ainsi la surconsommation et les achats compulsifs à bas prix. Résultat : des millions de pièces sont produites chaque jour, souvent avec des matériaux peu durables, dans des conditions sociales et environnementales controversées.
Cette surproduction entraîne ainsi une surconsommation et donc une augmentation massive des déchets textiles, posant des défis majeurs pour l’environnement et les associations en quête de dons. En effet, l’un des principaux problèmes de la mode rapide est son impact environnemental. L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde, représentant jusqu’à 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial. De plus, la consommation européenne de textiles représente la 4e source d’impacts sur l’environnement et le changement climatique de l‘Union européenne, après l‘alimentation, le logement et les transports
Sans oublier que la production d’habits à bas coût repose souvent sur des conditions de travail précaires dans les pays en développement, soulevant des questions éthiques et sociales depuis plusieurs années.
Un défi pour les associations
Pour les organisations d’intérêt général, la fast fashion amène son lot de défis. Face à l’essor de cette industrie, les associations et fondations reçoivent de plus en plus de dons de vêtements mais la qualité de ces produits laisse souvent à désirer.
Selon une interview faite par le média Vert avec Emmaüs France, seulement 5% des dons reçus sont dans une qualité suffisante pour être vendus dans les boutiques de l’association. La majorité des pièces donnés, souvent issus de la fast fashion, sont difficilement réutilisables à cause de leur mauvaise qualité et se vendent moins bien car les clients ne sont pas forcément intéressés par les produits de mode express.
Pour information, les 95% des vêtements restants sont envoyés pour être réutilisés à l’international, envoyés au recyclage ou sont incinérés si aucune autre option n’est possible.
Les applications de revente : une concurrence croissante pour les associations
Un marché en plein essor
Les plateformes comme Vinted, Vestiaire Collective ou encore Leboncoin ont bouleversé les habitudes : revendre plutôt que donner. Ces plateformes permettent à chacun de prolonger la vie de ses habits tout en réalisant un petit profit. En 2023, Vinted a atteint un chiffre d’affaires de 596 millions d’euros, montrant l’ampleur de ce marché.
Ces applications de revente offrent une alternative à l’achat d’articles neufs et favorisent l’économie circulaire en permettant aux vêtements d’avoir une durée de vie plus longue ce qui réduit ainsi l’impact environnemental de la mode. Cependant, elles posent également des défis pour les associations et les fondations.
Une nouvelle hiérarchie des vêtements
Les vêtements en bon état, de marque ou tendance, sont désormais dirigés vers la revente tandis que les articles moins valorisables financièrement sont donnés aux organisations d’intérêt général. Ce changement de comportement crée un déséquilibre profond :
- Les articles de bonne qualité échappent aux circuits solidaires.
- Le modèle économique des organisations, qui dépendent des ventes des habits réemployables pour financer leurs actions de solidarité, est fragilisé.
- La gestion des dons invendus devient plus coûteuse et moins rentable.
Le don de vêtements : réaffirmer ce geste solidaire
Un geste toujours essentiel
Malgré les défis, donner des vêtements reste un levier indispensable pour aider les personnes en situation de précarité, réduire les déchets textiles et favoriser une économie circulaire et inclusive. Mais pour préserver cet impact positif, une réinvention collective est nécessaire. Voici quelques points qui pourraient rétablir l’équilibre dans la filière de la mode de seconde main :
- Mieux informer les citoyens : en sensibilisant le grand public à l’importance de donner des habits en bon état. Un vêtement avec une tâche ou un trou n’est pas toujours réutilisable ou recyclable.
- Soutenir les associations et fondations : des acteurs comme Le Relais, Emmaüs, la Croix-Rouge française ou le Secours populaire français font un travail colossal de tri, redistribution et recyclage. Pourtant, certains, comme Le Relais, ont déjà dû suspendre des collectes face au manque de moyens. Vous pouvez les soutenir en faisant un don de qualité ou bien en les soutenant financièrement.
- Repenser la responsabilité des marques : Une réflexion est en cours sur l’extension du principe de Responsabilité Élargie du Producteur (REP) aux textiles dans le cadre de la loi sur la fast fashion. Cette démarche pousserait les marques à contribuer financièrement au traitement des articles qu’elles mettent sur le marché.
Donner pour faire la différence
Le don de vêtements est un geste essentiel, alors, pour cette journée mondiale des vêtements d’occasion, faisons un tri utile et engagé : donnons mieux, donnons intelligemment, donnons pour faire la différence !
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