Culture française du don :
Extrait de l’interview de Arthur Gautier, Directeur général de la Chaire Philanthropie de l’ESSEC Business School sur les motivations du don et la culture du don à la Française. A retrouver en intégralité sur francegenerosites.org
🔹 Est-ce qu’il y a une culture française du don et si oui, quelles sont ses spécificités ?
Les différentes familles de motivations évoquées ici sont « universelles », dans le sens où elles concernent la psychologie de l’être humain et les règles sociales qui régissent la vie en société, de manière générale. ⛔
Néanmoins, il y a bien sûr des variations significatives entre les différentes sociétés humaines en fonction de leurs spécificités culturelles, de leur histoire, de leur régime politique, de leurs règles de vie en société, du dynamisme de leur économie… 🧐
Plus forte culture du bénévolat que du don 🎅
En ce qui concerne la France, il y a quelques aspects qui la distinguent de ses voisins européens et des autres pays pour lesquels des données existent. Nous sommes plutôt un pays « de milieu de tableau » dans les comparaisons internationales : si nous avons une très forte culture du bénévolat (16 millions de Français sont bénévoles 💪, nous avons plus d’1,5 millions d’associations dont la grande majorité vit uniquement de l’engagement de ses bénévoles), c’est moins vrai pour le don financier qui est moins répandu que dans les pays anglo-saxons ou du nord de l’Europe (les dons pèsent environ 0.35% du PIB en France contre 0.8% aux Pays-Bas, 0.85% au Royaume-Uni et plus de 2% aux Etats-Unis).
Des dons « invisibles » 🔍
Une grande partie des dons est aussi « invisible » car en France, on n’aime pas parler d’argent, y compris l’argent que l’on donne aux autres – c’est le cas aussi dans les autres pays de tradition catholique du Sud de l’Europe. Il y a aussi peu de fondations rapporté au nombre d’habitants, quand on compare la France à ses voisins comme l’Allemagne, la Suisse ou la Belgique.
Mais une accélération du développement de la générosité 📈
Néanmoins, la tendance à la hausse est nette et constante depuis une vingtaine d’années, si bien que la France rattrape petit à petit ses homologues. 🚀
La loi sur le mécénat de 2003 a été un accélérateur pour le don des particuliers et des entreprises, le fundraising est de plus en plus professionnalisé, les Français sont de plus en plus sollicités… Le volume des dons et le nombre de fondations augmentent. Certes, il y a eu quelques années difficiles comme en 2018, mais les Français ont répondu positivement et massivement à la mobilisation nationale pour reconstruire Notre-Dame de Paris ou pour la recherche et l’aide aux soignants face à la crise du Covid-19.
Des causes soutenues en complément du périmètre d’action de l’Etat 🤝
Globalement, les causes qui mobilisent le plus les Français sont l’exclusion et la pauvreté, l’enfance et la recherche médicale. Ce sont des domaines où de grandes organisations d’intérêt général connues du grand public jouent un rôle majeur dans notre pays, sur des pans d’activité où l’action de l’Etat n’est pas considérée comme suffisante ou exclusive. C’est bien différent dans d’autres pays, en fonction de la nature du contrat social et du périmètre d’action de l’Etat.
Importance des « petits » dons 🧱
Un point de vigilance reste à surveiller, sensible depuis la crise financière de 2008-2009 : les dons déclarés par les Français sont de plus en plus concentrés parmi les plus hauts revenus, alors que les plus modestes semblent devoir renoncer à donner pour boucler les fins de mois… Il est important que le don populaire se maintienne si l’on veut éviter que la philanthropie ne devienne l’apanage des seules catégories les plus aisées !
Merci à Arthur Gautier, Directeur général de la Chaire Philanthropie de l’ESSEC Business School pour cette interview sur les motivations du don. Interview à retrouver en intégralité sur francegenerosites.org
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