Le volontourisme : une dérive néfaste du volontariat
Partir à l’étranger pour aider les autres tout en vivant un voyage inoubliable : l’idée séduit des milliers de personnes en quête de sens chaque année. Ce mélange de tourisme et d’action humanitaire porte un nom : le volontourisme.
Mais derrière cette belle promesse se cache une réalité bien plus complexe. Car si les intentions des voyageurs sont souvent sincères, la manière dont ces séjours sont organisés l’est beaucoup moins.
En effet, face à un nombre limité de missions de volontariat à l’international, des alternatives commerciales se développent, donnant naissance à une industrie à part entière. En échange de sommes parfois très élevées, ces séjours garantissent un voyage “utile” mais l’utilité réelle reste à démontrer. Ce voyage peut alors devenir une expérience marquante, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.
On vous explique ce phénomène !
Le volontourisme : qu'est-ce que c'est ?
Le mot “volontourisme” vient de la contraction de « volontariat » et de « tourisme ». Il désigne une pratique qui se repend de plus en plus en France depuis les années 2000 : des séjours à l’étranger, souvent dans des pays en développement, où les voyageurs paient des sommes importantes pour participer à des projets humanitaires, éducatifs ou de construction.
Mais cette notion ne se limite pas à un simple phénomène éphémère. Elle est désormais encadrée de manière légale en France. Selon l’article 8 de la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales du 4 août 2021, le volontourisme est défini de manière précise :
"L'utilisation des termes « volontariat », « bénévolat » ou de leurs dérivés pour caractériser des activités payantes et à but lucratif et dont la contribution financière ne participe pas à financer le projet initial ou des projets annexes d'intérêt général relève de la pratique du dol¹ au sens de l'article 1137 du code civil. Ces activités lucratives sont définies comme relevant du volontourisme."
¹ Article 1137 du Code Civile désigne le “dol” comme le fait pour un contractant d'obtenir le consentement de l'autre par des manœuvres ou des mensonges
Autrement dit, lorsque des entreprises privées utilisent le langage de la solidarité pour vendre des séjours à des fins commerciales, sans que les frais payés par les participants financent directement un projet d’intérêt général, on entre dans une pratique frauduleuse qui vise à tromper. Les agences organisant ces voyages se reposent sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général.
Cette clarification vise alors à protéger les volontaires, mais aussi à préserver les communautés locales qui peuvent subir les conséquences de ces projets mal encadrés.
Quand l'aide humanitaire devient une marchandise
Dans la majorité des cas, ces missions sont courtes, ne demandent pas de compétences spécifiques et sont mal encadrées, alors qu’elles impliquent parfois des publics sensibles, comme des enfants. Certaines entreprises n’hésitent pas à exploiter les émotions des jeunes volontaires, leur promettant qu’ils vont “faire la différence” en enseignant dans une école, en aidant dans un orphelinat ou en construisant de nouveaux lieux de vie.
Pourtant, ces interventions ponctuelles, parfois mal encadrées et déconnectées des besoins réels, peuvent causer plus de tort que de bien. Voici quelques exemples précis que certains voyageurs et organismes encadrant le volontariat à l’international, comme France Volontaires, ont pu relater :
- Dans les orphelinats, la rotation constante des volontaires peut aggraver, voire déclencher, des troubles de l’attachement et du sentiment d’abandon déjà présents chez les enfants.
- Les cours sont souvent assurés par des volontaires non formés, qui ne suivent ni les programmes locaux ni les standards pédagogiques. De plus, ne parlant pas la langue locale, leur transmission est limitée.
- Ce manque de compétences se manifeste aussi dans la construction d’infrastructures, souvent mal réalisées, tout en privant des artisans locaux d’opportunités de travail.
Comment faire du volontariat responsable à l'international ?
Faire du volontariat à l’international reste important et permet d’aider de manière concrète, mais à condition de se poser les bonnes questions et de s’engager auprès d’organisations reconnues ! Voici quelques conseils pour vous engager de façon responsable :
1. Se poser les bonnes questions avant de s'engager
Avant de vous inscrire, demandez-vous :
- Pourquoi est-ce que je veux faire du volontariat à l’étranger ?
- La mission a-t-elle été construire en concertation entre l’association et les structures locales ?
- Est-ce qu’une formation est prévue avant la mission ?
- Est-ce que la mission a un impact sur le long terme même après mon retour ?
- Est-ce que j’ai les compétences nécessaires pour mener à bien la mission ?
- Comment sont utilisées les contributions financières demandées ?
Retrouvez encore plus de questions à vous poser sur le site de France Volontaires, la plateforme française du volontariat international.
2. Tester le bénévolat localement
Pour savoir si le volontariat est vraiment fait pour vous, vous pouvez commencer par vous engager en tant que bénévole près de chez vous. Que ce soit quelques heures par semaine ou plusieurs jours, ces premières expériences vous permettront non seulement de répondre à des besoins concrets autour de vous, mais aussi de mieux comprendre les responsabilités que cela implique.
De plus, n’hésitez pas à échanger avec des personnes qui ont vécu une expérience de volontariat pour en savoir plus, mieux comprendre les enjeux et répondre à vos interrogations !
Si, après cette étape, vous vous sentez prêt à vous investir sur plusieurs semaines ou mois, alors le volontariat à l’international peut devenir une aventure enrichissante et cohérente.
3. Vérifier la crédibilité de l'organisation
Pour s’assurer que votre mission de volontariat va bien se dérouler, tournez-vous vers des associations locales et internationales reconnues comme celles présentes sur cet annuaire d’organisations d’intérêt général.
De plus, renseignez-vous auprès d’organismes comme France Volontaires qui encadrent les séjours et vous propose seulement des missions qui correspondent à votre projet solidaire et à vos compétences.
En faisant cela, vous éviterez les agences commerciales qui vendent des voyages solidaires à des prix exorbitants.
En bref : faites attention au volontourisme
Le volontourisme illustre à quel point une bonne intention peut être détournée et devenir contre-productive lorsqu’elle est mal encadrée.
Si vous n’êtes pas en mesure de vous engager comme bénévole ou volontaire, n’oubliez pas que vous pouvez toujours soutenir les communautés qui en ont besoin en faisant un don à des associations ou fondations qui agissent directement sur le terrain, au plus près des réalités locales.
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